Nicolas Darrot _ Providence

24 juin – 25 septembre 2013

Nicolas Darrot (né en 1972 au Havre) vit et travaille à Paris. Il est représenté par la Galerie Eva Hober à Paris.

Passionné par les relations du vivant et de la machine, Nicolas Darrot s’apparente à un artiste sorcier. Il ransforme les insectes en chimères, donne le pouvoir de parole aux trophées de chasse, conçoit des automates qui s’animent à l’approche du visiteur. L’univers de Nicolas Darrot convoque notre imaginaire, tant celui que travaillent les contes ou les mythes, que celui tout aussi vaste que provoquent les avancées technologiques et scientifiques. On a pu voir ses oeuvres à Paris (Maison Rouge, Musée de la Chasse, Grande Halle de la Villette), à Nantes (Lieu Unique), au Château d’Oiron, de Séoul à Helsinki, de Berlin à New York ou Istanbul. En 2010, il présente L’Iceberg, une installation-spectacle au Théâtre de Chaillot, qui donne lieu à une invitation, par Pierrick Sorrin, à prendre part au Couronnement de Poppée au Théâtre du Châtelet. Suivant le fil de ses marionnettes robotiques, il poursuit depuis ses interventions dans le champ de l’art contemporain, tout en cultivant les collaborations, notamment avec Elaine Sturtevant pour House of Horrors, et Gisèle Vienne pour Last Spring.

Si Nicolas Darrot a choisi d’appeler son exposition « Providence », ce n’est certainement pas le fruit du hasard. La providence, c’est cette idée d’une aura supérieure qui conduit événements et créatures vers le destin qu’elle leur a assigné. C’est cette idée que finalement tout est écrit à l’avance, que tout réside dans un scénario, un récit dont nous n’aurions pas forcément connaissance, un récit qui se construit dans les méandres intouchables de son créateur.

Un peu à la manière du personnage du film d’Alain Resnais, justement intitulé Providence, qui décrit le processus de la création littéraire. Écrivain célèbre, Clive Langham sait qu’il va mourir et, la veille de son soixante-dix-huitième anniversaire, il élabore sa dernière oeuvre, un récit dans lequel il parle de lui-même, de ses souvenirs. C’est aussi un souvenir qui est évoqué ici, celui du ressenti de l’artiste par rapport à ce film à l’atmosphère particulière que l’architecture du centre d’art bastille aura contribué à faire remonter à la surface.

Chez Nicolas Darrot, cette idée du récit est importante. Mais plus encore l’est l’écriture, son processus et sa transmission à autrui. Les histoires qu’il nous conte naissent dans les méandres de son esprit. Elles prennent sens dans les mots qu’elles donnent à voir et à entendre bien plus que dans leur mise en scène, même si cette dernière garde toute son importance dans les récits qu’il construit.

L’exposition qu’il a conçue pour le centre d’art bastille part de ce principe ou plutôt de ces principes. La première partie de l’exposition présente une série d’œuvres qui évoque cette idée de création. La parole est présente, fortement, tout comme le récit. Elle/il reviennent en boucle, évoquent selon les personnages présentés une litanie, un leitmotiv, un comportement, une attitude. Mais cette parole vient-elle vraiment d’eux ou de leur créateur ? Il y a ici un premier mélange des genres qui ne cessera tout le long de l’exposition et posera toujours cette même question. Car si par la suite, lentement, parole et récit s’amenuisent, ce n’est pas pour disparaître mais pour se transfigurer dans le mouvement des objets, dans le silence de l’écrit et des images et ainsi retourner à un état primaire, à un état premier à un état où conscience et inconscience se questionnent sur la notion d’origine.

La recherche de Nicolas Darrot peut ainsi paraître complexe. Elle touche à l’origine de la création et à sa transmission. D’où cette importance du récit qui prend ici des formes multiples. Elle touche à la manipulation, car dès qu’il y a création, n’y a-t-il pas manipulation ? Mais finalement, toutes ces questions seraient-elles si importantes que ça ? Car ce que nous racontent les marionnettes de Nicolas Darrot est simplement une recherche poétique sur le vivant.

Cette exposition est réalisée grâce au soutien de la Ville de Grenoble, de la Régie du Téléphérique, de la Drac Rhône-Alpes, de la Région Rhône-Alpes, du Conseil général de l’Isère et de fonds privés grâce aux mécénats d’entreprises et de particuliers. Nous remercions la galerie Eva Hober et François Pluntz

Le CAB est membre de DCA, association pour le développement des centres d’art.

Crédit photographie : Nicolas Darrot

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